le Christ dit : « Tu n'es rien, tu ne peux rien par toi-même, mais tu peux tout si tu fais que Dieu habite en toi. Tes efforts les plus héroïques ne valent que comme les signes de ta bonne volonté; ils attirent la grâce, ils rendent possible la descente de l'Esprit; sans ces efforts, l'Esprit pourrait bien venir chez toi : Il peut tout; mais Sa présence te réduirait en cendres. Il faut donc que tu fasses les mêmes travaux que tes frères, que le paysan, que l'ouvrier, que le citoyen, que le savant; mais avec la persuasion profonde que tu demeures tout de même un serviteur inutile. Alors, je viendrai à toi selon la volonté de mon Père... ».
Si enfin nous considérons la technique des mystagogies, nous relèverons entre elles et la voie évangélique des différences capitales. Les premières s'adressent à un des principes de l'être humain; elles sont abstraites, spéculatives, et sans espoir de recours en cas d'insuccès. La seconde est générale, pratique, vivante, humaine en un mot; et celui qui échoue, même soixante-dix-sept fois sept fois, la bonté de Jésus ne se lasse jamais.
Regardez, en effet, le soufi; qu'il se trompe en quelque point de ses myriades d'invocations, les forces qu'il a commencé de mettre en branle retournent sur lui; de même pour le Mantra-Yogui, comme pour le Srotapatti. Si le débutant taoïste, dans sa petite pagode forestière, laisse, au bout de deux ou trois ans de solitude, sa méditation dévier, ou sa tension volitive faiblir, il est écrasé. Si le Parivradjakà, dans le caveau souterrain qui sert aux initiations brahmaniques, au bout de trois semaines de jeûne et de ténèbres, remonte au grand jour sans avoir soutenu les regards terribles des dieux d'En bas, le voilà fou pour le reste de sa vie. Ce n'est pas sans raison que les Anciens appelaient l'épilepsie le mal sacré et que le peuple, en Orient, respecte les fous. Ce sont souvent des explorateurs malchanceux de l'invisible.